Cliché anthropométrique pris le 1er octobre 1942. Archives PPP des Brigades spéciales

Aristide Celsi est né le 17 octobre 1918 à L’Aquila (Abbruzes, Italie), fils d’Emidio, ébéniste décédé en 1921, et de Giuseppine Stefennone ; il est le cadet d’une fratrie de quatre enfants. Sa famille s’installe définitivement en France en juillet 1930, à Sarcelles puis à Paris.

Membre des Jeunesses communistes de 1937 à 1939, il fréquente les milieux antifascistes italiens de la capitale où il réside depuis 1934. Naturalisé Français en janvier 1939, il est mobilisé en novembre de la même année. Après sa démobilisation en novembre 1941, Aristide, tourneur de profession, travaille comme livreur à bicyclette.

1941 – avec ses sœurs Marie-Louise et Pierrette, ses neveux et sa nièce (de gauche à droite : Gilles, Claire, Marc)

Devenu agent de liaison pour le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, il approvisionne plusieurs groupes en tracts et participe à la reconstitution des groupes communistes de langue italienne du XIe arrondissement de Paris. Marino Mazzetti, qui dirige depuis l’été 1942 le détachement FTP italien en zone occupée, le nomme responsable politique du XIe arrondissement. Aristide qui fait partie d’un groupe de résistants avec Antonio Tonussi et Gino Passotti, monte alors son propre groupe avec Attilio Basso et mène une propagande active pour appeler à la manifestation du 20 septembre 1942 à l’occasion du 150e anniversaire de la bataille de Valmy mais les Allemands décrètent un couvre-feu et le rassemblement ne peut se tenir.

Dénoncé par un indicateur, Aristide est pris en filature le 5 septembre 1942 par deux inspecteurs de la 2e Brigade spéciale (BS2). Après presque un mois de filature, 16 personnes sont arrêtées.

Aristide est arrêté au petit matin le 30 septembre 1942 devant son domicile, 113 boulevard Voltaire (Paris XIe). Conduit à la Préfecture de Police, transféré au dépôt le 4 octobre, il est livré aux Allemands avec douze de ses camarades et incarcéré à la prison de la Santé puis à celle de Fresnes. Le 24 février 1943, il est transféré au fort de Romainville où il retrouve, dans la casemate 22, cinq de ses camarades arrêtés avec lui. Les autres ont été relâchés le 24 décembre 1942.

Aristide Celsi est déporté le 15 juillet 1943 au camp de Natzweiler-Struthof. Les 57 hommes du convoi, tous désignés NN, pour Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard – devant disparaître sans laisser aucune trace), sont conduits à la gare de l’Est. Considérés comme dangereux et pour prévenir toute tentative d’évasion, ils partent en voiture voyageurs aux fenêtres grillagées, menottés deux par deux.

À Natzweiler, Aristide devient le matricule 4568 et se voit initialement affecté au kommando de la route (terrassement de la voie reliant le village de Natzwiller à la carrière de granit sur les hauteurs du camp). À partir de janvier 1944, il figure régulièrement sur des listes de déportés exemptés d’un travail de force, regroupés dans un même block ou affectés à des travaux plus légers (Schonung).

En février, Aristide est affecté un temps au kommando Weberei (tisseurs de filets). Le 9 juin, souffrant d’œdème et de plaies au pied et à la jambe, il est admis au Revier, l’infirmerie du camp, et y reste 23 jours jusqu’au 1er juillet 1944.

Début septembre 1944, devant l’avancée des Alliés, le camp est évacué et Aristide est alors transféré à Dachau où il est immatriculé 99274 et affecté au kommando d’Augsburg comme mécanicien. Le 29 septembre 1944, il est transféré à Leonberg, camp annexe de Natzweiler, où il est employé comme mineur (matricule 29159). Le 11 mars 1945, Aristide fait partie d’un convoi de 258 déportés malades qui part de Leonberg vers le camp mouroir de Bergen-Belsen. On ne sait combien de jours dura le voyage. Le nom d’Aristide figure sur la liste des quatre-vingts Français du convoi qui décédèrent durant le transfert ou à Bergen-Belsen avant la libération du camp le 15 avril 1945.

L’indicateur qui l’avait dénoncé fut condamné le 31 mai 1946 à 20 ans de travaux forcés. Libéré dès 1953, il est décédé en 2001.

Aristide CELSI, déclaré Mort pour la France, est homologué Déporté interné de la Résistance et membre de la Résistance intérieure française.

 

Sources principales :

SHD-Vincennes, SHD-Caen, Archives nationales, SIR Arolsen, Archives de la Préfecture de Police de Paris, Archives de Paris, Archives de l’UGEVRE à la BDIC-La Contemporaine.

Roger Leroy, Roger Linet, Max Nevers, 1943-1945 La Résistance en enfer, éditions Messidor, 1991, page 173.

Voir aussi https://maitron.fr/spip.php?article217683

Julia VALAT-BODIN
12 avril 2021