Pierre Prud’homme lors de la remise de sa croix d’officier de la Légion d’honneur le 2 octobre 2021. Crédit photo : Le Dauphiné libéré

Nous avons appris avec émotion le décès de M. Pierre Prud’homme, membre d’honneur de l’Amicale, déporté résistant matricule 26683 au camp de concentration de Natzweiler-Struthof et 99047 à Dachau et Allach, à nouveau transféré vers des kommandos du KL Natzweiler sous le matricule 34464, d’abord à Haslach puis à Vaihingen.

Arrêté sur dénonciation le 14 juillet 1944 à Raon-l’Étape (Vosges), avant l’accomplissement d’une mission de sabotage de voie ferré, incarcéré à Épinal puis condamné à mort par un tribunal militaire allemand, Pierre Prud’homme vit sa sentence commuée en déportation. Il fut alors intégré à un convoi de déportation de plus de 300 hommes en provenance du Puy-de-Dôme. Sa description de l’arrivée au Struthof le 30 août 1944, parmi les déportés envoyés à la hâte au camp devant l’avancée des armées de libération sur le sol français, est marquée par les humiliations infligées par les SS durant la montée à pied vers le camp à Mgr Gabriel Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, ainsi que la vision nocturne du crématoire crachant ses flammes. Après quelques jours sur place, il poursuit son parcours concentrationnaire vers Dachau et Allach, avant un nouveau transfert vers des camps annexes dont l’administration relève du KL Natzweiler. Il fut libéré par les troupes de la 1ère Armée française le 7 avril 1945 à Vaihingen-an-der-Enz.

Devenu fonctionnaire de police, Pierre Prud’homme s’était marié en 1948, avait accompli la plus grande partie de sa carrière à Roanne (Loire) et eu trois enfants, sept petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants. Il avait récemment été promu au grade d’officier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur et s’apprêtait à fêter ses 96 ans. Il est décédé jeudi matin 24 février et ses obsèques auront lieu ce vendredi 4 mars à 14h30 en la cathédrale d’Embrun (Hautes-Alpes).

Tout comme pour André Maratrat, décédé il y a quelques semaines, un hommage lui sera rendu sur le site de l’ancien camp de Natzweiler-Struthof en septembre prochain.

À ses enfants et sa famille – à son petit-fils Étienne, membre de l’Amicale, à ses proches et toutes les personnes qui l’ont connu et apprécié, MM. Pierre Rolinet, Président d’honneur, Jean-Luc Schwab, Président, ainsi que les membres du Conseil d’administration de l’Amicale adressent leurs sincères condoléances.

C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de notre Membre d’honneur, déporté NN 7862 à Natzweiler-Struthof et 101647 à Dachau et Allach.

André avait coutume de dire qu’il était né au pied du gros horloge de la Gare de Lyon à Paris. Il s’en est allé paisiblement le matin du 30 janvier, au pied du Canigou, la montagne auprès de laquelle il s’était établi à sa retraite.

Arrêté à Paris en novembre 1943 pour sa participation à des actions de résistance au sein d’une cellule de militants communistes, André est incarcéré et interrogé à la prison du Cherche-Midi. Comme pour de nombreux autre résistants, sa condamnation à mort par les autorités militaires d’occupation est commuée en déportation Nacht und Nebel (« Nuit et Brouillard »). Il est alors transféré au KL Natzweiler et arrive le 10 avril 1944 au Struthof, avec 43 autres détenus dans son convoi dont le Général Delestraint, chef de l’Armée secrète (matricule 7839).

André connaît ensuite plusieurs camps ou leurs annexes, à commencer par le kommando de Cochem, Dachau après l’évacuation massive du camp principal du Struthof en septembre 1944, et peu après celui d’Allach. Dans ce dernier il est contraint au travail forcé pour une usine de la BMW, jusqu’à sa libération à la toute fin d’avril 1945. Il apparaît d’ailleurs au premier rang de cette célèbre photo montrant des déportés en liesse devant un des miradors du camp d’Allach libéré par les troupes US.

André Maratrat parmi les déportés du camp d’Allach libéré, 30 avril 1945 – Photo : Stuart Mc Keever

Passé par le centre de rapatriement du Lutetia à son retour de déportation, André reprend le travail chez Grammont à Malakoff, épouse Geneviève et travaille un temps avec son beau-père qui est ébéniste. En 1953, il intègre les assurances GAN où il va passer 30 années jusqu’à sa retraite, gravissant les échelons jusqu’à en devenir fondé de pouvoir.

En reconnaissance de son engagement pour la mémoire de la déportation, tout particulièrement auprès des jeunes générations, André Maratrat avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en 2015 et commandeur des Palmes académiques en 2020.

Son inhumation a eu lieu ce lundi matin 7 février au cimetière de Chambon-la-Forêt (Loiret), là où reposait déjà son épouse. À son fils Marc, sa famille, ses proches et toutes les personnes qui l’ont connu et apprécié, nous présentons nos très sincères condoléances.