C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de notre Membre d’honneur, déporté NN 7862 à Natzweiler-Struthof et 101647 à Dachau et Allach.

André avait coutume de dire qu’il était né au pied du gros horloge de la Gare de Lyon à Paris. Il s’en est allé paisiblement le matin du 30 janvier, au pied du Canigou, la montagne auprès de laquelle il s’était établi à sa retraite.

Arrêté à Paris en novembre 1943 pour sa participation à des actions de résistance au sein d’une cellule de militants communistes, André est incarcéré et interrogé à la prison du Cherche-Midi. Comme pour de nombreux autre résistants, sa condamnation à mort par les autorités militaires d’occupation est commuée en déportation Nacht und Nebel (« Nuit et Brouillard »). Il est alors transféré au KL Natzweiler et arrive le 10 avril 1944 au Struthof, avec 43 autres détenus dans son convoi dont le Général Delestraint, chef de l’Armée secrète (matricule 7839).

André connaît ensuite plusieurs camps ou leurs annexes, à commencer par le kommando de Cochem, Dachau après l’évacuation massive du camp principal du Struthof en septembre 1944, et peu après celui d’Allach. Dans ce dernier il est contraint au travail forcé pour une usine de la BMW, jusqu’à sa libération à la toute fin d’avril 1945. Il apparaît d’ailleurs au premier rang de cette célèbre photo montrant des déportés en liesse devant un des miradors du camp d’Allach libéré par les troupes US.

André Maratrat parmi les déportés du camp d’Allach libéré, 30 avril 1945 – Photo : Stuart Mc Keever

Passé par le centre de rapatriement du Lutetia à son retour de déportation, André reprend le travail chez Grammont à Malakoff, épouse Geneviève et travaille un temps avec son beau-père qui est ébéniste. En 1953, il intègre les assurances GAN où il va passer 30 années jusqu’à sa retraite, gravissant les échelons jusqu’à en devenir fondé de pouvoir.

En reconnaissance de son engagement pour la mémoire de la déportation, tout particulièrement auprès des jeunes générations, André Maratrat avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en 2015 et commandeur des Palmes académiques en 2020.

Son inhumation a eu lieu ce lundi matin 7 février au cimetière de Chambon-la-Forêt (Loiret), là où reposait déjà son épouse. À son fils Marc, sa famille, ses proches et toutes les personnes qui l’ont connu et apprécié, nous présentons nos très sincères condoléances.

Diffusé début 2022 seulement, ce récit de vie d’un des derniers rescapés français du KL Natzweiler n’est pour l’heure disponible qu’auprès de l’Amicale (voir bon de commande plus bas) et dans les librairies du CERD-Struthof et du Mémorial de l’Alsace-Moselle à Schirmeck. Au prix très attractif 15 € (format 14 x 22 cm, 240 pages avec illustrations NB), c’est un cadeau à s’offrir pour les fêtes tout en soutenant l’Amicale et ses futurs projets d’édition.

Au-delà du parcours individuel raconté dans un style enlevé, le plus de cet ouvrage réside dans les nombreuses notes explicatives et sections thématiques rajoutées par l’historien Robert Steegmann au fil du texte original. Un outil pédagogique pour les scolaires qui s’impliqueront dans le CNRD 2021-2022 ; plus largement une synthèse d’informations sur les camps – particulièrement ceux traversés par l’auteur – pour tout lecteur connaisseur ou non du système concentrationnaire.

Le 3 novembre dernier, M. Roger Boulanger, Mosellan de naissance, fêtait ses 95 ans. Avec Alex Lapraye, il est le plus jeune rescapé français du KL Natzweiler et, à tout juste 17 ans, comptait parmi les plus jeunes déportés à leur entrée au Struthof. Son récit autobiographique restitue avec précision et introspection la période d’avant-guerre, l’évacuation, le retour dans une région annexée, puis la déportation à Natzweiler-Struthof, Flossenbürg et Johanngeorgenstadt et le rapatriement dans un pays qui n’est pas encore prêt à entendre son histoire.

BON DE COMMANDE