Né le 25 septembre 1916 à Port-en-Bessin (Calvados), Joseph fréquente l’école communale avant d’aller travailler pour l’un des chantiers navals de son village côtier et devenir charpentier de marine. En 1939, celui que ses amis nomment Jojo épouse Louise Briand avec qui il va avoir deux enfants, tous deux morts en bas âge.
Dès 1941, il s’engage dans l’organisation Antoine qui collecte des renseignements et anime une filière d’évasion vers l’Espagne via Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyrénées). Un indicateur de la Gestapo entré en contact avec lui par l’entremise de son cousin Arthur Poitevin [lien vers sa fiche], lui-même impliqué dans le mouvement Libération-Nord avec quelques camarades, va dénoncer toutes ces personnes. Joseph est interpelé par des agents de la Gestapo le 23 août 1943 sur son lieu de travail, le chantier naval Tabourel de Port-en-Bessin. Les autres sont appréhendés le jour même, son cousin quelques semaines plus tard, après s’être caché quelque temps à Mézidon (Calvados) avant de revenir à Bayeux.
Après un passage par les prisons de Caen et de Fresnes, il est déporté le 11 novembre 1943 depuis la gare de l’Est avec les autres personnes dénoncées. Il partage son compartiment cellulaire avec son cousin Arthur et six autres dont Marcel Leclerc [lien vers sa fiche, même si elle n’existe pas encore] et Bernard Marchand. Également présents dans ce train François Guérin Leclerc [lien vers sa fiche, même si elle n’existe pas encore] et Jacques Noé Leclerc [lien vers sa fiche, même si elle n’existe pas encore], impliqués dans la même affaire. Au camp de concentration de Natzweiler-Struthof où ils arrivent le lendemain, Joseph est classé « NN » (« Nacht und Nebel ») et reçoit le matricule 5 968. Temporairement affecté au rude Kommando de Cochem où il est employé au creusement d’un canal de dérivation, il revient au camp principal et fait partie des déportés évacués vers Dachau devant l’avance des troupes alliées. Immatriculé 101 337 le 6 septembre 1944, il n’y reste pourtant que trois semaines avant son transfert au camp de concentration de Flossenbürg (mle 28 276) et son Kommando de Groditz. Il est libéré début mai 1945, lors d’une évacuation par train et rapatrié par le Lutetia le 1er juin 1945. Il regagne Bayeux, puis son village natal quelques jours plus tard.
À la fin des années 1950, Joseph Poitevin part s’établir en Bretagne pour y poursuivre son activité de charpentier de marine jusque dans les années 1980. Il est décédé à Lannion (Côtes-d’Armor) le 1er septembre 1994.
Sources principales :
SHD-Caen, SIR Arolsen, archives familiales et http://deces.matchid.io
Roger Leroy, Roger Linet, Max Nevers, 1943-1945 La Résistance en enfer, Paris, Éditions Messidor, 1991, page 140.
Ouvrage collectif, Bayeux et le Bessin, 1940-1944, pp. 70, 120-122 et mentionné dans le récit d’A. Poitevin pp. 133-157.
Arthur Poitevin, Journal de déportation – De Natzweiler-Struthof à Dachau, Bayeux, Orep Éditions, 2023.
Jean-Luc Schwab
Décembre 2023